Saint Benedict (kansas)
Nous arrivons dans le comté de Seneca pour la kermesse annuelle de la
paroisse, aux allures de reunion de famille. Tous les fermiers du coin se sont
retrouvés sur les bancs du bingo, ce fameux jeu qui permet aux paroisses
américaines de récolter une bonne partie de leur budget annuel.
Saint Benedict a été fondée en 1859 par des immigrants
allemands. Et depuis, on est fermier de père en fils : on naît
à Saint Benedict, on s’y fait baptiser, on s’y marie (quand
on trouve une fille qui n’est pas sa cousine), on y élève
sa famille – plutôt nombreuse - et on y est enterré.
Notre
présence met un peu de piment dans la vie quotidienne du village. Toutes
les familles sont venues encourager les joueurs pour le match hebdomadaire de
baseball, et, parmi les fans les plus fidèles, le Père Owen nous
recommande les fameuses « baked potatoes » (de grosses pommes de
terre fourrées à la viande).
Décidément, ces trois jeunes Français ont de quoi étonner
les fermiers de Saint Benedict ! « Oliv-heur and Emmanyouel » viennent
de réaliser des tirs à la batte, à rendre jaloux tous les
gars du village. Il faut sortir du terrain d’entraînement –
le cimetière de Saint Benedict ! – pour retrouver les balles lancées
par ces débutants prodiges…
Malgré
son air bon enfant, le Père Owen, notre hôte pour ses quelques
jours, a un regard bleu perçant qui en dit long sur sa lucidité
: « Les mentalités ont du mal à changer, ici, constate-t-il.
Quand une famille ne vient pas à la messe, elle me téléphone
avant, de peur qu’on s’étonne de son absence ». Il lui
a fallu des mois également pour faire accepter aux fermiers que leurs
femmes lui donnent un coup de main à la paroisse.
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